Marché & stratégies : quand la tectonique se joue en Europe

La rentrée 2025 confirme ce que tout le monde pressentait : l’équilibre mondial de l’auto bascule par la Chine. Leapmotor, désormais adossé à Stellantis (20 % au capital), a choisi Saragosse pour implanter sa production européenne. Le B10, une berline familiale, ouvrira le bal dès 2026, suivi du B05, un SUV plus compact. Un message limpide : pour être crédible, il faut fabriquer en Europe, tout en maintenant la promesse prix des marques chinoises. Ce choix est aussi stratégique pour Stellantis, qui sécurise son partenariat tout en limitant le risque politique autour de l’import massif depuis la Chine (Automobile Propre).

Dans le même temps, le conseil d’administration de Tesla a proposé à son PDG un plan de rémunération inédit sur 10 ans, visant une fortune personnelle spectaculaire de 1 000 milliards de dollars (environ 853 milliards d’euros). Pour l’obtenir, Musk doit générer 7 500 milliards de dollars de valeur actionnariale, lancer un million de robots-taxis, vendre 20 millions de voitures, et préparer sa succession, tout en gardant le contrôle via une participation portée à 25 %. (Le Monde).

Enfin, Smart corrige le tir. Après une tentative d’incursion dans le segment des SUV électriques qui a manqué de cohérence, la marque revient à ses fondamentaux : une biplace urbaine électrique, compacte et tarifée autour de 25 000 €. Une orientation qui cible directement les grandes villes européennes, là où le besoin de micro-mobilité pratique reste fort (Le Journal Économique).

Nouveautés & restylages : quand le produit dicte la stratégie

• Nouveau Volkswagen T-Roc : un SUV hybride compact. Volkswagen présente la nouvelle génération du T-Roc, plus longue et spacieuse, avec un coffre de 475 litres et une motorisation hybride 48V de 150 ch. Il inaugure aussi l’usage de matériaux recyclés à l’intérieur (Turbo). Bientôt à l’essai cet automne sur Autoday !
• Volkswagen : l’ID.2 rebaptisée ID.Polo. Fini le flou marketing. La compacte électrique d’accès (annoncée à 25 000 €) reprend l’héritage Polo pour rassurer les clients traditionnels et clarifier la hiérarchie de gamme. La marque prépare aussi un SUV électrique abordable et robuste, visant à occuper le terrain des B-SUV électriques, un marché en pleine explosion (Numerama, Auto Journal).
• Kia Stonic : prolongation de carrière. Nouveau regard (phares LED redessinés), instrumentation modernisée avec double écran 12,3’’ + 12,3’’, et aides à la conduite mises au niveau des standards actuels. Sous le capot, Kia réduit la variété des moteurs pour concentrer l’offre sur les blocs les plus rentables. Le Stonic, sorti en 2017, joue ainsi les prolongations, preuve que les constructeurs cherchent à maximiser leurs modèles à succès (Auto Plus).
• MG4 semi-solide : prix officiels. La compacte chinoise introduit la technologie batterie semi-solide, censée améliorer la densité énergétique et réduire le poids. Bonne surprise : les tarifs restent compétitifs par rapport aux versions lithium-ion classiques. MG positionne ainsi son modèle comme une alternative crédible aux généralistes européens, avec l’argument technologique en prime (Frandroid).
• Peugeot 308 : léger restylage. La compacte se polit pour rester dans la course, avec de petites retouches esthétiques et des améliorations d’équipement interne, signe que les cycles produits se raccourcissent et que les marques préfèrent retoucher des succès plutôt que de tout réinventer (Le Progrès).
• Renault Clio 6 : la révélation approche. La sixième génération de la citadine polyvalente sera officiellement dévoilée dans les prochaines semaines. La Clio reste une pierre angulaire de la gamme Renault en Europe, et ce renouvellement doit confirmer son statut d’incontournable (L’Argus).
• Renault Kiger 2025 : petit SUV urbain. Le Renault Kiger 2025 combine style et fonctionnalité avec un moteur turbo de 100 ch, une garde au sol de 205 mm et un intérieur confortable incluant un système audio Arkamys 3D et un filtre à air PM 2.5. Exclusif au marché indien pour le moment (source : Yahoo News).
• Hongqi E-HS5 : le luxe chinois à l’assaut de l’Europe. La marque premium chinoise dévoile son nouveau SUV électrique E-HS5, un modèle statutaire qui vise à séduire une clientèle haut de gamme en Europe. Avec ce lancement, Hongqi confirme ses ambitions internationales (L’Argus).

Les pépites insolites : quand l’auto surprend

• Bugatti SUV, l’ovni stylistique. Imaginé par un graphiste, ce projet de SUV Bugatti fait couler beaucoup d’encre. Massif, démesuré, il illustre autant les fantasmes de design que les craintes liées à l’orientation future des grandes marques de luxe (Caradisiac).
• Hypercar chinoise hors-normes. Présentée comme la plus rapide du monde, cette hypercar électrique chinoise mise sur des chiffres records. Si la communication frôle l’exagération, elle traduit néanmoins l’ambition des nouveaux entrants : s’imposer aussi sur le terrain de l’exclusif et de l’ultra‑performant (Motor1).

Électrique : ventes, prix & réseaux

Le marché neuf des véhicules électriques stagne, mais avec des contrastes. En France, la Renault R5 reste en tête des ventes électriques. Son succès repose sur un cocktail malin : design rétro inspiré de l’icône des années 70, prix accessible sous les 30 000 €, et autonomie suffisante pour un usage quotidien. Là où les Tesla et autres premium jouent la course à la puissance, la R5 incarne le pragmatisme (Frandroid).

Pendant ce temps, BYD sacrifie ses marges pour casser les prix et imposer ses modèles en Europe, ce qui met Tesla en difficulté. La firme américaine, qui misait sur sa marge confortable, voit sa domination ébranlée. L’effet domino pourrait pousser d’autres marques à revoir leurs tarifs (Frandroid, Auto Plus).

De son côté, Toyota propose jusqu’à 6 000 € de remise en septembre 2025 sur ses modèles hybrides, incluant 5 000 € pour la reprise d’un véhicule et 1 000 € supplémentaires sous conditions (source : Automobile Magazine).

Côté infrastructures, des anciens de Tesla lancent un réseau de recharge alternatif qu’ils annoncent « plus malin ». Objectif : améliorer la fluidité (bornes toujours disponibles grâce à un meilleur pilotage) et réduire les temps d’attente. Cette initiative illustre à quel point la bataille se déplace désormais hors du véhicule, dans l’expérience utilisateur complète (Les Numériques).

Dans le même esprit, Leapmotor mise sur sa nouvelle berline Lafa 5, qui ambitionne de réussir là où Tesla a renoncé, en conjuguant autonomie élevée et prix contenu. Cette stratégie illustre la volonté des constructeurs chinois de s’attaquer frontalement aux segments délaissés par les Américains (Mobiwisy).

Par ailleurs, la question des importations directes de véhicules chinois se pose : les Européens peuvent désormais importer certaines voitures électriques par leurs propres canaux, ce qui complique encore la donne pour les constructeurs traditionnels (Rouleur Électrique).

Enfin, côté industriel, Porsche se retire du secteur des batteries haut de gamme en fermant sa filiale spécialisée. Une décision qui illustre les difficultés rencontrées par certains constructeurs européens à tenir la cadence face à la Chine et à l’Amérique dans la course technologique (Le Figaro).

Usages, sécurité & régulation

• Radars nouvelle génération : ils sont désormais capables de verbaliser automatiquement téléphone au volant et non-respect des distances de sécurité. Un pas de plus vers l’automatisation de la police routière, qui devrait impacter directement les comportements au quotidien. Ces radars pourraient se multiplier sur le réseau secondaire dès 2026 (BFM TV).
• Recharge & santé : Volvo alerte les porteurs de pacemaker sur les risques liés à la recharge. La consigne est simple mais inhabituelle : demander à une autre personne de brancher le câble. Ce rappel soulève la question des effets électromagnétiques, encore mal connus pour certains profils sensibles (BFM TV).
• Coût d’usage des voitures électriques : un rapport de Franceinfo montre que les véhicules électriques peuvent effectivement être moins chers à l’usage que leurs équivalents thermiques, mais seulement si les conditions s’y prêtent : recharge à tarif avantageux, kilométrage annuel élevé, entretien maîtrisé, prix moyen de l’essence à 1,99€ le litre…. Pour les petits rouleurs urbains sans borne privée avec des prix actuellement en baisse dans les stations-services classiques, l’équation économique reste moins évidente (Franceinfo).
• France : exploiter ses propres minerais pour les batteries : pour réduire la dépendance aux importations de lithium, nickel et cobalt, la France étudie l’exploitation de ses ressources locales, notamment en Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes, afin de sécuriser la production de batteries de véhicules électriques (source : Automobile Magazine).

Ce qu’il faut retenir de la rentrée 2025

1. Prix d’accès, encore et toujours. Sous les 30 000 €, la bataille est rude. L’ID.Polo, la MG4 semi-solide et les Leapmotor made in Europe redessinent le paysage, en tirant tout le marché vers le bas (Numerama, Frandroid, Automobile Propre).
2. Prolonger le rentable. Kia soigne son Stonic pour garder un B-SUV compétitif sans investir dans une plateforme neuve. Les restylages deviennent des amortisseurs stratégiques (Auto Plus).
3. Écosystème avant tout. Radars intelligents, réseaux de recharge alternatifs, pédagogie sur le coût d’usage : la valeur d’une voiture se joue autant hors de la voiture que derrière son volant (BFM TV, Les Numériques, Franceinfo).