Luc Chatel, ancien ministre de Nicolas Sarkozy est actuellement président de la Plateforme automobile (PFA), un consortium qui rassemble la filière automobile en France (constructeurs, équipementiers, sous-traitants et acteurs de la mobilité).
Dans une interview donnée le lundi 9 novembre sur France Info, Luc Chatel a exhorté le gouvernement à prononcer la réouverture des concessions automobiles afin de ne pas provoquer des fermetures d’usines. Car, selon Luc Chatel, « S’il n’y a pas de reprise sur la deuxième quinzaine du mois de novembre, on va assister progressivement – comme au printemps – à des fermetures d’usines automobiles ». L’ancien ministre explique que les usines produisent des véhicules qui doivent pouvoir trouver preneur en concession. Faute de débouchés, l’appareil de production va se mettre en sommeil. De plus, on peut comprendre que les constructeurs s’étant retrouvés avec des stocks importants de véhicules lors du premier confinement, ils n’ont pas envie de connaître à nouveau cette situation de « sur-stocks ». Ce qui avait donné lieu à de belles offres pour les consommateurs au printemps.
On peut alors se demander si la fermeture des concessions provoque des effets à ce point néfastes sur les ventes ?
Manifestement oui. Si l’on regarde depuis dix jours, c’est-à-dire depuis l’annonce du nouveau confinement, on constate un effondrement des prises de commandes de l’ordre de 70% pour les voitures neuves, mais la chute est encore plus alarmante concernant les ventes de véhicules d’occasions qui dégringolent de 90%.
Pourrait-on réellement rouvrir les concessions automobiles ?
Intuitivement, on dirait plutôt oui. Les mesures barrières peuvent y être respectées aisément car par définition une concession automobile se doit d’être vaste, ne serait-ce que pour y accueillir les véhicules de démonstration. Luc Chatel met d’ailleurs se point en exergue : « dans une concession, il y a à peu près 40 à 50 m² par client, alors que la jauge actuelle dans les commerces qui sont ouverts, c’est 4 mètres carrés. Nous avons donc une sécurisation qui est bien plus élevée«
Le président de la PFA précise en outre qu’il y a « 400 000 emplois dans l’automobile en France. Nous avons fait une projection avec l’Union des métiers de l’industrie et il ressort que les emplois menacés à cause de cette crise sont de l’ordre de 60 000. C’est considérable. »
En revanche, on peut s’interroger si la réouverture des concessions se suffiraient à elle-même pour permettre le redemarrage des ventes de véhicules ? On se souvient qu’au cours de l’été « post 1e confinement » ce sont les aides gouvernementales (cumulées à certaines promos des constructeurs) qui ont permis un rebond. Est-ce que les Français vont avoir envie d’acheter des voitures alors que leurs emplois sont menacés ou leurs revenus diminués ?
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