Les beaux jours faisaient pourtant déjà leur apparition en ce mois de février sur la belle Côte-d’Azur, lieu de rendez-vous pour les essais presse du nouveau Peugeot e-3008 100% électrique.
Comme pour se donner chance, c’est à Cannes que le constructeur sochalien a choisi de présenter le véhicule succédant au 3008 de seconde génération, best-seller avec plus de 1 320 000 ventes dans le monde, pour lequel cette success-story avait justement démarré en 2016 tout près de La Croisette.
Malgré le tapis-rouge déroulé pour le nouveau 3008 avec un décor propice aux strass et paillettes, la météo grisonnante et pluvieuse lors de nos essais semblait alors accueillir l’enfant star de manière plus mitigée…
La superstition aurait-elle pris le pas sur notre déconvenue climatique et nos attentes si importantes pour ce véhicule, qui arrive sur un marché du SUV devenu saturé de concurrents et dans un contexte survolté vers l’électrification ?
Quand il y a de l’orage dans l’air, il est néanmoins factuel de reconnaître que ce nouveau Peugeot e-3008 fera toujours une très bonne cage de Faraday…
Disclaimer : e-3008 est seulement une appellation pour la version full électrique qui se distingue du 3008 « classique » en version thermique hybride. Il s’agit du même véhicule dans ses aspects intérieur-extérieur.
Design
Pour se distinguer de la concurrence et s’adapter à la transformation énergétique, le nouveau Peugeot e-3008 réinvente son allure en proposant une ligne de SUV fastback peu répandue sur le segment et qui réduit sa résistance à l’air avec un faible coefficient de trainée (Cx 0,28).
Cette amélioration aérodynamique, utile pour un véhicule électrique dont l’autonomie est précieuse, se veut surtout audacieuse par la présence d’un petit « bec de canard » relevé et d’une lunette arrière très inclinée (dénuée d’essuie-glace). Pour autant, la ligne de coupe caractéristique du fastback ne débute qu’après la porte arrière, ce qui préserve un peu de la hauteur de toit pour les passagers à l’arrière.
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L’épuration de la silhouette de ce nouveau e-3008 passe également par la dissimulation des joints d’étanchéité des vitres latérales et par la suppression des pièces chromées et autres inserts décoratifs. À la place, une surface noire brillante fait tout le tour du véhicule afin d’affiner notamment ses flancs.
La face avant et la face arrière se font écho avec la présence d’une signature à trois griffes et d’un bandeau noir entre les deux feux/phares.
À noter une petite particularité à l’arrière avec l’apparition d’un becquet « flottant » qui peut faire penser à un spoiler ou à des « oreilles de chat » selon son appréciation…
À l’avant, la calandre semble sans délimitation pour se dégrader dans la couleur de la carrosserie, et ainsi suggérer la nature électrique du modèle. Nous pouvons aussi noter ici des phares particulièrement fins qui donnent un regard perçant. Les projecteurs sont LED de série et Pixel LED adaptatifs aux conditions de circulation sur la version GT (pas d’antibrouillards).
Dans ses dimensions, le nouveau 3008 affiche un gabarit compact, avec une longueur de 4 ,54 m, une largeur de 1 ,89 m, pour une hauteur de 1 ,64 m. Ceci en conservant un volume de coffre de 520 litres, identique à celui du précédent 3008.
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Enfin les jantes sur ce e-3008 sont proposées en 19 et 20 pouces avec 3 choix de dessins aux surfaces pleines dans un souci d’aérodynamisme.
Globalement, ce nouveau design apparaît assez ambivalent. Car d’une part nous avons une face arrière massive verticalement avec une ligne de fuite relevée, et d’autre part une face avant plus fine et plongeante qui semble moins agressive que la génération précédente. Dans cette dualité, la ligne fastback contribue à harmoniser l’ensemble.
Seules six couleurs sont proposées au catalogue dont 3 teintes de gris, avec une seule « vraie » couleur représentée par le bleu Obsession déjà apparu sur la 408 (couleur gratuite).
Ambiance à bord & infodivertissement
Il y a beaucoup de choses à dire concernant l’intérieur du nouveau Peugeot 3008. En effet, la marque au lion y dévoile un cockpit panoramique, inédit dans la gamme.
Lorsque l’on s’installe à l’avant, la qualité perçue est en nette hausse, avec une présentation novatrice du tableau de bord et l’utilisation de matériaux nobles comme le cuir, le tissu, l’aluminium et même de l’alcantara sur les sièges s’il vous plaît.
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Sur la planche de bord flotte, juste au-dessus du volant, le tout nouveau double-écran tactile intégré d’une taille totale de 21 pouces sur lequel nous profitons à la fois de l’instrumentation et de l’info-divertissement, l’ensemble étant légèrement tourné vers le conducteur.
Par ailleurs, on trouve en partie centrale un troisième écran tactile qui donne accès aux i-Toggles, des touches permettant d’accéder à 10 fonctions raccourcies paramétrables selon les préférences de l’utilisateur (appeler un contact, lancer la navigation, régler la radio, fixer la température de climatisation, activer les sièges chauffants, etc.).
En outre, la commande de la boîte de vitesse automatique se trouve à présent sur la planche de bord, directement à côté du volant.
Tous ces changements rendent service tout aussi bien à l’aspect aéré et épuré du design intérieur, qu’à l’augmentation des espaces de rangement à bord.
Enfin, l’ambiance à bord est sublimée par la diffusion d’une lumière d’ambiance tout autour de la partie avant de l’habitacle, disponible en 8 couleurs (principalement des bleus et verts). Celle-ci reste tamisée car elle est reflétée dans les surfaces en aluminium.
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Cependant toutes ces innovations, inédites chez Peugeot, sont à nuancer au regard de certaines problématiques en terme d’ergonomie et d’autres détails plus dommageables.
Tout d’abord, l’intégration des i-Toggles via un unique écran tactile oblige le conducteur à quitter complètement les yeux de la route. En effet, de par la position de l’écran en contrebas de la planche de bord, le conducteur ne peut pas sentir l’emplacement de boutons glisser sous sa main et doit donc regarder directement l’écran. De plus, le conducteur doit effectuer régulièrement un mouvement de « swipe » avec son doigt (comme sur un smartphone), pour accéder aux 5 autres fonctions raccourcies, car l’écran n’affiche que la moitié des 10 i-Toggles. D’ailleurs durant notre essai, le swipe ne fonctionnait pas toujours, ce qui attardait notre regard sur l’écran ou nous faisait cliquer sur une autre fonction…
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Ensuite, l’écran multimédia n’est pas facilement accessible pour le passager de droite. L’orientation des écrans tournés vers le conducteur ne motive pas son passager à naviguer dans les menus pendant le trajet.
D’autre part, les nombreuses surfaces en tissus, qui apportent visuellement un réel aspect doux et premium à la planche de bord, sont malgré cela dures au toucher, car paraissent être cousues par-dessus une surface en plastique.
Enfin, l’espace pour les passagers arrière est juste correct. Les genoux d’une personne de plus d’1,80m touchent les sièges avant pourtant creusés, et la tête effleure le plafonnier. Assez suffisant pour une personne d’1,70m ou moins, mais sans se sentir pour autant dans une voiture familiale.
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Néanmoins, en points plus positifs sur l’ergonomie, nous notons de réels boutons sur le volant (même si plats), la disposition parfaite de l’écran flottant juste au-dessus du volant et juste en-dessous quelque soit la position de conduite, ou encore la nouvelle navigation GPS qui planifie les arrêts à la borne sur un long trajet et qui apparait au niveau du compte-tours lors d’un changement de direction, ceci indépendamment de ce qui est affiché sur l’écran multimédia de droite.
Conduite et motorisations
Pour son lancement, le nouveau Peugeot 3008 est proposé en 2 motorisations et 2 niveaux de finitions :
Le tableau ci-dessus résume l’offre actuelle pour ce Peugeot 3008, à savoir une motorisation 100% électrique 2 roues motrices de 210 chevaux avec un prix d’appel à 44 990 € hors bonus écologique, et une version micro-hybrid 48V 136 chevaux à partir de 38 490 € (retrouvez l’essai de cette motorisation dans notre article sur le Peugeot 5008 ici).
Par la suite, 2 nouvelles motorisations 100% électrique feront leur apparition :
- 320 chevaux 4 roues motrices avec une autonomie de 525 km (contre 527 km pour la version 210ch)
- 230 chevaux 2 roues motrices avec une grande autonomie de 700 KM (prévue pour 2025)
Pour cet article, nous avons essayé la version 100% électrique de 210 ch.
Une fois installé et en action derrière son volant, nous avons tout d’abord profité de la très bonne insonorisation de l’habitacle, qui filtre aussi bien les bruits de roulement que le son du moteur électrique.
La toute nouvelle plateforme STLA Medium de Stellantis inaugurée sur ce 3008 permet une répartition optimale de la masse des batteries lissée sur l’ensemble de la caisse (525 kg). Dans les faits, le 3008 prenait très peu de roulis dans les virages, malgré son poids total à vide de 2 108 kg.
Dans sa conduite assez rassurante, le e-3008 était également confortable et polyvalent, grâce à un rayon de braquage de 10,6 m le meilleur de sa catégorie. Ainsi, ce 3008 se montrait donc très à l’aise dans les espaces urbains lors de notre essai. Par ailleurs, position de SUV oblige, on domine bien la route et la hauteur du bas de caisse réduit l’appréhension lors de certains passages sur des terrains plus abrupts (peu de secousses).
Enfin, il est important de souligner la présence de palettes au volant qui permettaient de modifier la force du frein régénératif. Grâce à cette astuce, nous pouvions choisir instantanément le niveau de frein moteur selon que nous étions en ville, à la campagne ou sur des voies rapides. Nous regrettons néanmoins que les palettes étaient alors « inversées » : frein moteur augmenté via la palette de gauche et réduit sur la palette de droite (ou alors ceci dans une logique de rétrogradage…). En lien avec les autres problèmes d’ergonomies précédemment cités, nous avons plusieurs fois confondu le sélecteur de mode de conduite (éco-normal-sport) avec la commande de boîte de vitesse…
Cependant à cause du poids toujours présent, nous avons regretté l’aseptisation du toucher de route caractéristique d’une Peugeot, bien que l’efficacité du châssis fut au rendez-vous. Côté puissance, les 210 ch arrivaient de manière assez progressive sans coup de pied aux fesses (0-100 8,8 s vitesse max 170 km/h), mais avec un train pouvant quand même décrocher à l’accélération dans une courbe (toujours à cause du poids), ce qui démontrait le tempérament rassurant mais peu « sportif » de ce nouveau e-3008.
En ce qui concerne l’autonomie, Peugeot nous a annoncé une consommation de 16,7 kw/h en norme WLTP. D’après nos mesures, nous avons relevé une consommation en effet similaire, avec une autonomie réelle d’environ 380 km durant notre essai (routes sinueuses et accélérations de journalistes).
Pour recharger le 3008, Peugeot nous a indiqué un temps de recharge rapide de 30 min entre 20% et 80%.
Pour conclure ce premier contact du nouveau E-3008, plusieurs questions restent en suspens : dans sa nouvelle approche premium et ses choix marqués dans son style extérieur et sa présentation intérieure, le SUV fastback de Peugeot saura-t-il garder la clientèle conventionnelle qui a fait le succès du 3008 ? Ces mêmes éléments peuvent-ils autrement (ou dans le même temps) convaincre une clientèle habituée aux standards allemands ? Ou peut-être Peugeot cherche-t-il plutôt à attirer une nouvelle clientèle plus sensible aux véhicules asiatiques ?